1975-2000 : le recul organisé de l’activité des seniors
Cette période est marquée par un retrait massif des seniors du marché du travail, sous l’effet conjugué de politiques publiques d’éviction (préretraites, dispenses de recherche d’emploi) et de l’abaissement de l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans en 1983.
Le taux d’activité des 55-64 ans passe de près de 48 % en 1975 à environ 31 % en 2000.
Le chômage est en hausse, mais souvent masqué par les dispositifs d’inactivité subventionnée.
2000-2010 : inflexion politique, amorce du redressement
Avec les réformes de 1993 et 2003 (surcote, cumul emploi-retraite, allongement de la durée de cotisation), le paradigme change : on cherche désormais à maintenir les seniors en emploi.
Le taux d’activité des 55-64 ans repart à la hausse à partir de 2003, passant de 39,7 % fin 2003 à 45,7 % fin 2011.
Ce mouvement est d’abord porté par les 55-59 ans, mais les 60-64 ans commencent aussi à suivre à partir de 2006.
2010-2020 : progression continue mais inégalitaire
Sur cette décennie, le taux d’emploi des seniors poursuit sa progression, atteignant environ 56 % pour les 55-64 ans en 2019 selon Eurostat.
L'effet des réformes successives des retraites et du recul de l’âge légal explique en partie cette dynamique.
Toutefois, les seniors restent vulnérables en cas de perte d’emploi : les durées de chômage sont longues, et la proportion de chômeurs de longue durée y est très élevée.
Les inégalités de genre, de niveau de qualification et de type de contrat initial demeurent très marquées.
2020-2025 : stagnation, voire repli, sous l’effet de la conjoncture
La période récente inverse partiellement la dynamique.
Selon l’Apec, le marché de l’emploi cadre est en repli depuis 2024, et les cadres seniors expérimentés voient leurs chances d’embauche diminuer fortement.
Les recrutements de cadres de plus de 10 ans d’expérience chutent de 11 % pour 2025.
Parallèlement, l’étude Unédic de 2025 confirme un décrochage net de l’accès à l’emploi durable (CDD de plus de 6 mois) dès 56 ans.
Les raisons sont multiples :
sélectivité accrue des entreprises,
inadéquation entre l’offre et la demande : les exigences des seniors sur le temps partiel souhaité, leur absence de mobilité géographique et exigences salariales jouent contre eux.
et montée en puissance des discriminations liées à l’âge.